Que peut-on faire quand on réalise que le monde est injuste ?
Cette chronique a pour vocation d’apporter différents éléments de réponse. Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans, et, cette année, taraudée par cette question, j’ai décidé de rompre avec mon quotidien.
J’étais lasse de lutter chez moi, à Rennes, fatiguée de toute l’indifférence, de toute la passivité des gens autour de moi. J’ai donc pris, après mon bac, une année de césure pour aller voir quelles sont les réponses qui existent ailleurs, quelles solutions les gens trouvent-ils pour faire leur part du colibri, comme le dit si bien Pierre Rahbi.
Je luttais moi-même du mieux que je pouvais pour rendre le monde un peu plus juste, mais je me sentais fatiguée. J’avais l’impression que beaucoup des ressources militantes que l’on utilisait arrivaient à épuisement. Pour m’aérer les idées, prendre du recul et me redonner de l’espoir, j’ai choisi d’aller creuser de l’autre côté du monde pour trouver de nouvelles pratiques. Et il s’est justement trouvé qu’en 2018, le Forum Social Mondial, grand événement altermondialiste qui rassemble des mouvements du monde entier, aurait lieu dans la ville de Salvador, Bahia, au Brésil. J’ai donc choisi de me focaliser sur cette destination, car le Brésil connaît actuellement une grave crise de démocratie, et l’engagement est donc là-bas particulièrement de mise. De plus, la ville de Salvador, sept fois plus grande que Paris, offre une multitude de potentialités à découvrir.
Un projet de découverte et de transmission
Dans cette idée, et grâce à l’aide morale du CRIDEV (association rennaise qui aide les jeunes à partir à l’étranger de manière éthique) et financière de JTM 35 (Jeunes à Travers le Monde Ille-et-Vilaine), j’ai conçu le projet « Chamas brasileiras » (« Flammes brésiliennes »), en partenariat avec de nombreuses associations locales.
Il ne s’agit pas d’un projet humanitaire, car, pour moi, l’humanitaire est idéologiquement quelque chose de plus que délicat, et institue bien trop souvent une forme de néo-colonialisme. Ainsi, je ne suis pas au Brésil pour imposer une vision occidentale mielleuse, mais pour me faire relai des alternatives locales et pour créer du lien entre les mouvements citoyens de Salvador et de Rennes. Je vais donc aller à la rencontre d’un grand nombreux d’organismes de tailles et de formes différentes. Je vais travailler avec eux pendant trois mois, comme j’ai déjà commencé à le faire depuis deux semaines, et découvrir ainsi ce que représente l’engagement à Salvador. Enfin, grâce à une chronique hebdomadaire pour Noctambule, je vais pouvoir transmettre les différentes luttes et initiatives de ce bout du monde.
Canteiros Coletivos, ou comment réinvestir les espaces publics
Une des choses que j’ai le plus rapidement constatée au Brésil est la différence de rapport aux espaces publics. Il est déconseillé de se promener seul dans les rues où il n’y a pas beaucoup de monde, même de jour. En effet, un climat de méfiance règne car les agressions, si elles ne sont pas systématiques, sont réelles. Ainsi, il est possible de marcher en ville à Salvador, mais cela arrive le plus souvent lors de déplacements contraints, quand on n’a pas le choix. Les espaces publics un peu isolés sont loin d’être considérés comme des lieux de détente, et il est recommandé de toujours être sur ses gardes.
C’est malheureusement un cercle vicieux, car plus les gens ont peur de sortir, moins il y a de monde dans les espaces publics, et plus ces derniers sont potentiellement dangereux, explique Débora Didonê, du mouvement Canteiros Coletivos. De plus, cette difficulté d’utilisation des espaces publics rend plus difficile la rencontre et le dialogue, ainsi que la production d’une identité commune. Socialement, cette situation est donc quelque chose de très déplorable. Canteiros Coletivos est un groupe de personnes qui cherchent à lutter contre cet état de fait en occupant les espaces publics, grâce à la plantation de végétaux, notamment comestibles.

Se retrouver pour planter des arbres
Dimanche matin, c’était la troisième fois que je faisais une action avec ce mouvement. Les activités précédentes étaient une rénovation du centre de Canteiros Coletivos, et un atelier de compostage et de plantage pour apprendre aux enfants comment faire. Ainsi, l’activité du jour me paraît bien résumer l’atmosphère globale de ce collectif, très festive et bon enfant. Le 18 mars était le jour mondial du Plantage, et à cette occasion, nous avons mis en terre un bananier, un avocatier et d’autres arbres fructifères dans le quartier de Barris. Certains bénévoles avaient cuisinés des plats pour faire un pique-nique, d’autres avaient amené de la terre, d’autres des outils, et quelqu’un avait même emmené sa guitare. L’organisation des actions de Canteiros Coletivos se fait toujours ainsi, de manière très horizontale : quelqu’un propose une action, et, s’il y a assez de monde disponible, chacun ramène ce qu’il pense pouvoir être utile.
L’objectif de ces personnes n’est pas seulement de repeupler les espaces inoccupés, mais aussi d’insuffler chez les gens l’envie de faire de même, et de s’organiser dans leur propre quartier. Comme l’a souligné Débora lors de notre interview (disponible ici) après l’action, sans l’engagement de chacun, Canteiros n’existerait pas, c’est donc à la fois l’origine et le but de ce mouvement. Dans l’idéal, pour Débora, cet engagement, citoyen et environnemental, devrait être quotidien si tout le monde y mettait du sien et prenait conscience du bénéfice de pouvoir cueillir dans l’espace public. Ce d’autant plus que le climat brésilien est favorable à la plantation de nombreux fructifères comme des bananiers ou des cocotiers, qui pourraient servir à l’usage de tous.
Ainsi, cette action avec Canteiros Coletivos était très agréable de par la bonne humeur et le dynamisme des personnes présentes. Quelle belle idée que de se lever un dimanche de bon matin pour aller verdir la ville !

Voir mon article suivant sur l’engagement dans les “favelas” avec TETO
Ici en France personne n’a malheureusement parlé de ce grand événement qu’est le
Forum Social et Mondial de Salvador 2018
les médias nous abrutissent avec les histoires
de gros sous des Hallydays ou avec la triste histoire de Maelys …que des faits divers, si c’est pas la météo ou le foot …ou le cac 40….
dommage que la Solidarité, le partage , l’Amour de son prochain , l’Amour de notre Belle Terre….
je suis d’accord avec Paul: malheureusement les medias ne nous parlent plus de l’essentiel ….mais que de banalités ou pire de conneries (gros sous des Hallydays) et nous soûlent de pub…c’est insupportable…et la France (unique pays européens a vouloir faire cela!! ) veut mettre les réseaux socio également sous contrôle…le seul espace de liberté que nous avions…